
En 2025, les EPLE ont 40 ans
par Roland Delon, ancien vice-président d'AJI
Cette année les EPLE fêtent leurs 40 ans.
À cette occasion, nous vous proposons de revivre en 10 étapes les moments marquants de l’histoire des établissements scolaires.
1° Pour inventer l’EPLE, il faut d’abord créer le lycée
L’œuvre de Napoléon Bonaparte est probablement critiquable dans plusieurs domaines mais on ne peut lui retirer les efforts colossaux accomplis pour la réforme de l’État. A partir du Consulat, l'objectif de réconcilier les français et de stabiliser la nation après les convulsions révolutionnaires, l'amène à affirmer l'unité et l'indivisibilité de pays et à concevoir une réorganisation profonde de l’État. Cela va se traduire, entre autres, par l'unification du droit français dans le Code Civil de 1804, le Code du Commerce de 1807, le Code Pénal de 1810… Le système éducatif ne sera pas oublié et sera même traité en priorité après le Concordat religieux de 1801...
Lire l'article en intégralitéÉpisode 2 : L’évolution du lycée au 19e siècle
Du Concordat religieux napoléonien de 1801 jusqu'à la séparation de l’Église et de l’État par la loi de 1905 le lycée ne connaîtra pas de réorganisation profonde. Il maintiendra son statut d'établissement élitiste de garçons (le premier lycée de filles n'ouvrira qu'en 1880 autorisé par la loi Camille Sée toutefois les filles ne pourront passer le bac qu'en 1924), chargé de former les fils de notables aux emplois de l'administration, de l'armée. Il sera évidemment concerné par les luttes d'influence qui vont durer tout le siècle entre les idées républicaines de laïcisation de l'enseignement public et les résistances opposées par l'enseignement religieux. Le grand débat qui va naître au 19e siècle au sein du lycée concerne plutôt le contenu des études et l'adaptation des programmes scolaires aux besoins de la société. C'est l'homme politique Hippolyte Fortoul, devenu ministre de l'Instruction publique en 1851, qui souhaite réformer en profondeur l'enseignement secondaire. Il considère que les programmes alors enseignés, notamment les humanités classiques (latin, grec), la prééminence des formations à dominance littéraire sont devenues anachroniques et ne répondent plus aux exigences d'une société moderne. Il va donc s'efforcer d'introduire dans les programmes des enseignements scientifiques (mathématiques, physique, chimie, sciences naturelles) et de promouvoir également les langues vivantes...
Lire l'article en intégralitéÉpisode 3 : Début du XXe siècle : les premiers pas de la démocratisation
Pour inventer l'EPLE, il faut créer le lycée et Napoléon s'en est chargé par la loi fondamentale du 1er mai 1802. Nous avons vu précédemment que le XIXème siècle verra se confronter deux ordres scolaires, l'un représenté par l’Église et ses congrégations qui défendront avec acharnement leur privilège exclusif sur l'enseignement scolaire datant du Haut Moyen-Age, l'autre porté par les idées républicaines et laïques qui revendique au nom de l’État la neutralité de l'enseignement. Ce n'est qu'à la fin du siècle, avec l'avènement de la 3e république après la défaite de Sedan, que la bascule politique interviendra en faveur de l'école républicaine grâce aux lois de Jules Ferry suivies bientôt par la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État. Au début du XXème siècle, si la publicisation de l'enseignement secondaire est acquise, la démocratisation reste à faire...
Lire l'article en intégralitéÉpisode 4 : Le « baby-boom » de l'après-guerre vecteur de la démocratisation scolaire
La longue marche vers l'EPLE actuel est semée de multiples obstacles qui seront franchis progressivement, dans la deuxième moitié du XXe siècle par de multiples réformes visant à donner à tous les enfants d'une classe d'âge un même cursus de formation.
Les efforts de la Troisième république et du Front populaire (Cf. œuvre de Jean Zay) pour ouvrir l'enseignement secondaire au plus grand nombre (prolongation de la scolarité jusqu'à 14 ans, gratuité des études, dédoublement des classes de 35 élèves...) furent contrariés par la funeste période de 1940 à 1944, pendant laquelle l’État français édicta une législation éphémère rétrograde, caractérisée par la suppression des Écoles normales, par des subventions importantes allouées aux écoles privées, par la violation de la neutralité scolaire et la tentative (non réussie) d'introduire l'enseignement religieux à l'école publique, par l'étouffement de la pensée libre et le reniement des principes républicains de liberté, égalité, fraternité.